Focus collectif : FRUÖR

Depuis près de quatre ans, le collectif bordelais FRUÖR anime la scène alternative locale avec des événements mêlant techno, trance et bass music. Au-delà de sa programmation musicale, FRUÖR entend incarner une démarche engagée et pluridisciplinaire, mêlant musique, arts visuels et actions de sensibilisation. À l’approche de sa soirée d’anniversaire le octobre 11 octobre, zoom sur ce collectif qui cherche à insuffler de l’énergie et de la bienveillance au sein du paysage nocturne local.

Né dans des warehouses (hangars désaffectés utilisés pour proposer des espaces festifs) autour de Bordeaux, le collectif FRUÖR creuse un sillon singulier au sein de la scène électronique locale. Comme un certain nombre de ses homologues locaux, il propose des événements autour de la musique techno. Mais au-delà, son équipe entend aussi dépasser la simple exploration d’une esthétique musicale. Depuis bientôt quatre ans, elle croise la défense de cette dernière avec d’autres formes artistiques de façon pluridisciplinaire, avec une certaine vision de l’engagement.

« Expérimentations fantasques » et engagements

« On a toujours cherché à se réinventer, à proposer une musique un peu défricheuse qui sortait de l’ordinaire ». Interrogé sur l’orientation du collectif, Nicolas, membre de FRUÖR, explique le large spectre sonore promut lors des événements organisée par l’entité. Techno mentale, trance, bass music, dubstep… Une ouverture conjuguée avec une certaine exigence et autres « expérimentations fantasques » comme l’indique la page Instagram du groupe.

Au-delà de cette approche musicale, c’est bien une vision élargie de la fête que propose FRUÖR. « Sur nos gros événements, on propose plusieurs formes d’art, du tatouage au graphisme en passant par la danse » indique Léa, autre membre du projet. Le collectif favorise ainsi une expérience immersive, mêlant différentes disciplines artistiques.

Au-delà de la musique, c’est donc du côté des engagements que FRUÖR s’illustre, à l’image d’une scène électronique de plus en plus sensibilisée sur les grands enjeux de société. « On essaie de sensibiliser sur les problématiques liées aux discriminations et aux violences lors de nos soirées », souligne ainsi Nicolas. Cela passe par des stands de réduction des risques, des tests de drogues, des maraudes de bienveillance et une programmation qui mise sur la parité et l’inclusion.

Une avancée importante pour FRUÖR est la création d’une charte de bienveillance, destinée à garantir un cadre inclusif et sécurisant lors de ses événements. « Les violences de genre sont très présentes dans le milieu de la teuf. On veut lutter contre, et sensibiliser notre public » affirme Nicolas.

Une dynamique collective, née de l’amitié

Niveau fonctionnement, le collectif mise sur la collaboration : « On se réunit régulièrement pour repenser les projets et articuler musique, lieux et activités autour d’un thème » explique Léa. Leur événement anniversaire marquant leurs trois ans en septembre dernier en est un bel exemple. Peréotrip a mis à l’honneur des artistes d’Amérique Latine avec une musique inspirée de leurs racines, accompagnée de stands et de nourriture typique.

L’aventure FRUÖR est aussi une histoire de potes : « Le collectif est né du confinement, autour de soirées organisées entre amis, où chacun préparait son set », raconte Nicolas. Quatre années plus tard, ce lien reste la force du groupe.

Ancrage local

Pour FRUÖR, la scène alternative locale est riche mais souffre de certains manques : « Il y a beaucoup de musique proposée, mais ça tend à être répétitif, faute de lieux disponibles », juge Nicolas. Théo ajoute : « Certains styles, comme la hard techno, sont devenus mainstream et ne font plus partie de ce qu’on peut appeler une culture alternative. » Léa note aussi une baisse d’événements dits « sauvages » à Bordeaux et de raves. Une dynamique liée selon elle à la forte répression des autorités et aux difficultés d’organisation de telles soirées.

Malgré ces contraintes, le collectif constate des évolutions positives au sein de l’écosystème électronique local, notamment une présence accrue des femmes dans les collectifs et une diversité musicale grandissante. Cette ouverture musicale est au cœur de l’ADN du crew, avec une volonté de défricher de nouveaux terrains musicaux comme l’explique Nicolas : « On veut continuer à expérimenter, proposer des artistes jamais passés à Bordeaux et explorer de nouveaux formats, comme des événements en journée ou des lives ». Le collectif envisage aussi d’organiser des événements à Marseille et Montpellier, où certains membres sont installés.

Un événement anniversaire pour fêter 4 années d’existence

Pour célébrer ses quatre ans, FRUÖR prépare un événement en deux temps le samedi 11 octobre. Mêlant open air et warehouse, il se déploiera de 19h à 8h. « On veut offrir une expérience complète avec musique, stands de massage, food trucks et exposants d’artisanat », détaille Théo.

Pour l’occasion, une programmation ambitieuse sera proposée. On retrouvera ainsi DJ IBON, figure scandinave de la trance et de la tribe, la DJ française Bambi avec ses sets cosmiques teintés de trance et de deep techno, ou encore le live organique et psychédélique de Drawbridge. Les résidents du collectif seront également représenté·es, avec DJ Ruines, Gostosa et Pucelle en B2B avec Höra.