Tour d’horizon de dispositifs mis en œuvre par plusieurs institutions culturelles pour encourager l’inclusion d’artistes ou de publics porteurs de handicap. Du Frac Nouvelle-Aquitaine à Cap Sciences en passant par l’Opéra National de Bordeaux ou le Musé de la Création Franche, une dynamique est à l’œuvre vers un accès renforcé de toutes et tous à l’offre culturelle.
Cet article s’inscrit dans le cadre de la série d’articles Focus : Culture & Handicap. La série a été rendue possible grâce au soutien du dispositif Adaptathon.
Crédit photo :Rémy Dugoua(un visiteur est dans la salle d’exposition du Frac consultant un document FALC (Facile à lire et à comprendre)
La question de l’accessibilité des personnes en situation de handicap s’est imposée ces dernières années comme un élément central des politiques d’inclusion des institutions culturelles. En Nouvelle-Aquitaine, musées et autres lieux du patrimoine s’efforcent ainsi de proposer des dispositifs – rampes d’accès, ascenseurs, audioguides adaptés – permettant à chacun·e d’apprécier leurs expositions et propositions artistiques. Mais au-delà d’aménagements visibles, une question demeure : comment faire de l’inclusion des personnes en situation de handicap une réalité pleinement intégrée à l’expérience muséale ?
Des dispositifs variés pour des publics pluriels
L’accessibilité du point de vue architectural est aujourd’hui une exigence pleinement prise en compte par la plupart des institutions culturelles. Ou, pour beaucoup, une réalité en voie de concrétisation. Une telle accessibilité des lieux et des espaces ne représente néanmoins qu’une première étape vers une politique d’inclusion optimale. Une telle exigence demande d’autres réponses, du parcours de visites en passant par la prise en compte de la diversité des formes de handicap (moteurs, sensoriels, mentaux ou psychiques).
Certaines structures culturelles bordelaises ont d’ores et déjà intégré cette complexité. Le Frac Nouvelle-Aquitaine, installé au sein de la MÉCA, propose par exemple une palette d’outils et de dispositifs adaptés : visites tactiles pour les personnes malvoyantes, audioguides simplifiés, supports en langue des signes française…
L’Opéra National de Bordeaux.
L’inclusion se heurte aussi parfois à une réalité concrète : celle du bâti. Nombre d’institutions culturelles sont en effet abritées dans des bâtiments historiques aux contraintes particulières parfois complexes. Des progrès sont néanmoins visibles. L’Opéra National de Bordeaux – Grand-Théâtre, emblème du patrimoine culturel local, dispose par exemple d’une façade pour permettre un accès facilité aux personnes à mobilité réduite. De même pour le Musée d’Aquitaine, qui a fraîchement rouvert ses portes en mai dernier après des travaux concernant l’accessibilité et la modernisation de ce lieu.
Sortir des murs : l’inclusion comme démarche culturelle
Certains lieux intègrent la question de l’inclusion du handicap au cœur de leur projet culturel. Le Musée de la Création Franche, situé à Bègles, incarne cette volonté avec cohérence. Une partie de ses collections est en effet constituée d’œuvres réalisées par des artistes en situation de handicap, ce qui confère à l’institution une légitimité particulière sur ces enjeux.
Mais l’engagement du musée s’incarne aussi dans son lien avec le territoire. Grâce à un dispositif nomade, des expositions sont organisées dans des structures spécialisées, notamment en milieu hospitalier. Ce sont alors les œuvres qui se déplacent, pour aller à la rencontre des publics qui, ne peuvent pas venir à elle (le musée est actuellement en travaux). Ainsi, les œuvres rencontrent les résidents comme l’indiquent ses équipe pour qui « il y a la volonté que le musée puisse sortir de ses murs ».
Patio central du futur Musée de la Création Franche. Crédit : Basalt architecture.
Un confort émotionnel au musée
L’inclusion passe aussi par des attentions moins évidentes, mais non moins essentielles. Des sacs sensoriels, contenant par exemple des balles anti-stress, sont mis à disposition dans certaines institutions, comme au Musée de la Création Franche ou à Cap Sciences. Ces dispositifs permettent aux visiteurs et visiteuses souffrant de troubles sensoriels ou anxieux d’évoluer avec davantage de sérénité dans les espaces d’exposition.
Cap Sciences, de son côté, s’inscrit dans une dynamique d’amélioration continue. Des boucles magnétiques pour les personnes malentendantes y seront prochainement proposées, de même que des sièges pliants pour les visiteurs et visiteuses à mobilité réduite. Certaines limites persistent toutefois, notamment l’impossibilité de proposer un système d’audioguides pleinement inclusif, en raison du caractère temporaire de certaines expositions.
Le contenu d’un sac sensoriel de Cap Sciences.
L’inclusion ne relève plus d’un simple enjeu technique ou réglementaire : elle incarne désormais une exigence et une volonté à part entière. Les institutions et les musées de la région bordelaise, par leurs efforts croissants, montrent ainsi qu’une autre manière de concevoir la culture est possible, plus attentive à la diversité des publics.
Cet article s’inscrit dans le cadre de la série d’articles Focus : Culture & Handicap. La série a été rendue possible grâce au soutien du dispositif Adaptathon.