L’amour avec un grand Z : les 4 enseignements de Clara Pelletier 

La réalisatrice bordelaise du documentaire Amours, la révolution Z Clara Pelletier revient sur 4 grands enseignements sur sa première expérience de réalisation de documentaire. Entre première expérience de cinéma ou déconstruction des clichés sur sa génération : un autre regard sur les jeunesses et leurs nouveaux modes de relations.

Clara Pelletier ne pensait en arriver là. De retour d’un voyage d’un an et demi, la jeune bordelaise a décidé de participer à un concours de création vidéo organisé par la plateforme M6+. Presque 10 mois plus tard, ce projet s’est transformé en un documentaire de 52 minutes sur l’amour et la génération Z. Pour elle qui a participé à la compétition « sur un coup de tête », se fut l’occasion de s’embarquer dans une aventure pleine d’enseignements en tant que réalisatrice de son premier documentaire. Retour sur les grands enseignements qu’elle a tiré de cette expérience incroyable. 

Réaliser un documentaire de (presque) 0

Comment devenir réalisatrice ? Surtout quand on vient du monde de la communication – et non du journalisme ou du cinéma. Clara Pelletier a su relever ce défi avec brio, bien que cela ne fut pas de tout repos : « Je pense que j’ai abordé ça un peu comme une démarche scientifique finalement. Écrire toutes les idées reçues des personnes, ainsi que les miennes, et aller me confronter à mes différentes interrogations. »

Cette démarche a fait ses preuves. Son documentaire fait intervenir de nombreux·ses spécialistes sur des questions telles que l’évolution de la vision de l’amour, les changements de codes affectifs ou encore les nouvelles possibilités de relations entre individus. « Je suis allé voir les personnes concernées et des expert·es comme Boris Cyrulnik (neurologue, psychiatre et psychanalyste) et je leur ai fait part de mes interrogations. »

Le film de Clara documente bien sa démarche. On peut relever une vingtaine d’intervenant·es différent·es, que ce soit des personnes de son entourage ou d’autres professionnel·les. Le documentaire entend diversifier les points de vues et de montrer les possibilités et l’évolution des relations amoureuses au sein de la génération Z. Si cette méthode a fait ses preuves et permis d’interroger une pluralité d’intervenant·es, l’aventure a aussi révélé la dure réalité des choix éditoriaux et des contraintes de production.

La génération Z, du stéréotype à la réalité

À travers Amours, la révolution Z, on ressent aussi la volonté de Clara de casser les stéréotypes sur une génération souvent dépeinte avec clichés dans la gestion de ses relations et très attachée aux écrans. « J’ai l’impression que c’est quelque chose que j’entendais énormément dans les médias ; que pour les jeunes, l’amour c’est compliqué. On les dit notamment souvent derrière leurs écrans… Mon documentaire se veut positif : j’ai envie de montrer quelque chose qui fait du bien » nous confie la réalisatrice. Un sentiment qui imprime dès les premières minutes.

Le film se concentre en effet sur la désacralisation de l’amour par la génération Z sans pour autant porter de jugement sur les nouvelles façons d’aimer et de construire des relations. Clara dépeint ces dernières avec une certaine justesse, en laissant la parole aux personnes concernées.

« Par exemple, l’une des grosses interrogations que j’avais concernait le polyamour. Je suis donc allée rencontrer des personnes dans des relations polyamoureuses afin de discuter et d’en apprendre plus sur ces nouveaux types de relations. »  Le polyamour est ainsi présenté comme une nouvelle façon d’aimer, et le documentaire insiste aussi sur les conséquences et les différentes typologies de liens au sein d’un tel mode relationnel. « Floriane (une des personnes en relation polyamoureuse du film) m’a dit que c’était ce qui lui correspondait mais que cela demandait énormément de travail. Je pense que cela n’est pas fait pour tout le monde, mais c’est nécessaire pour certaines personnes. »

Une génération qui veut changer les codes

Clara Pelletier retient aussi de ses échanges que cette réappropriation de l’amour par la génération Z n’est ni naïve ou futile comme on peut parfois l’entendre dans certains discours médiatiques. Elle répond plutôt à un besoin concret et réaliste d’une génération qui ose s’exprimer et qui veut changer les choses quand cela ne lui plait pas : « La moindre chose qui ne nous (la génération Z) plaît pas, on va la questionner. Et on ne va pas seulement la questionner : on va aussi chercher à la changer. Pour moi, c’est complètement positif, on va vers du mieux et plus de tolérance. »

L’aspect concret du documentaire, qui s’attaque à un sujet intime sans tomber dans un récit stéréotypé, permet de rester ancrer sur des questionnements légitimes et des interrogations réelles d’une génération : « Je ne voulais pas faire un film à l’eau de rose. Je voulais que le documentaire soit ancré dans la société, qu’il y ait des chiffres, des éléments prouvés. »

Construire sa propre légitimité 

La réalisatrice s’est aussi livrée sur son ressenti personnel après avoir diffusé pour la première fois son documentaire au cinéma. « Tout ce travail me donne une première légitimité dans ce milieu […] Ça m’aide à me dire que je peux me lancer. » Cette envie de relever de nouveaux défis et de continuer dans le monde du documentaire, c’est la nouvelle marche à suivre qu’a pris Clara Pelletier. En effet, la jeune professionnelle veut continuer à produire des formats plus longs, notamment sur la plateforme YouTube. « Cette expérience m’a appris à ne pas attendre les opportunités, il faut les créer. »

Au-delà de tout ce qu’elle a pu apprendre sur la technique et la production, il semble que c’est vraiment la démarche de recherche et le travail journalistique qui l’a passionnée. Au point de développer un amour certain pour ce milieu dans lequel elle se verrait bien continuer.