Installe-toi bien au fond d’un canapé marron au cuir vieilli. Défais le bouton de ton costard de crooner des années 50. Passe une main dans tes cheveux bruns pour vérifier qu’ils sont bien plaqués du côté droit. Un dernier coup d’œil à la Tony Curtis dans le miroir, tu es en condition pour lire cet article. Oui, Le Type a vu Nick Waterhouse à l’I Boat. Oui, Le Type a aimé. Oui, Le Type en redemande.
L’action s’est passée le onze décembre au fond d’une cale de bateau. Il est 22h quand Nick Waterhouse et ses compagnons de route attrapent guitare demi-caisse, basse, saxo, micros et whisky. Après avoir soufflé cuivrement bien dans son saxo, l’un des deux quittera son collègue pour se mettre au clavier et balancer des solos vraiment bien sentis. Nick, aux allures de Buddy Holly, entame le set tranquillement avec Trouble. La reprise du groupe Them, I can only give you everything, représente bien l’attitude et le son de Nick Waterhouse. Il nous emmène dans cet univers qui hésite entre fifties et sixties, dont Them faisait justement partie. Le plan se déroule parfaitement bien. Les épaules commencent à bouger, les pieds à s’agiter en rythme. Au bout d’un moment, on se surprend à claquer des doigts. Et on sourit en écoutant les cuivres jouer en cœur.
La cale commence déjà à se chauffer quand résonne Ain’t there something that money can’t buy. Les deux choristes font groover le tout, rappelant un peu les Raelettes (les Claudettes version Ray Charles. Autres temps, autres mœurs). D’ailleurs, les ombres rythmiques de Ray Charles et les sonorités de Jerry Lee Lewis planent au-dessus du californien de 26 ans.
Avant d’agiter les tambourins sur Is that clear, Nick Waterhouse nous fait cette injonction forte agréable “Feel the music baby”. Et on s’exécute. Maintenant, c’est tout le corps qui bouge en rythme au gré de ce blues qui swing. Le Type danserait bien un petit rock, s’il avait la place et le partenaire. Les solos s’enchaînent, du saxo au clavier en passant par la guitare demi-caisse au son si rétro. Ça fait du bien aux oreilles et c’est rempli d’énergie.
L’ambiance est bon enfant. Nick répond à une fille qui avait sûrement goûté au même whisky avant de venir. Le son est bon. On resterait bien une heure de plus mais c’est déjà la fin. Le public applaudit. Applaudit encore. Et encore. Et encore. Personne ne revient sur scène. Les applaudissements baissent en intensité. On échange des regards inquiets qui semblent dire « Tu crois qu’ils vont revenir ou c’est vraiment foutu ? Non ils vont revenir, c’est sûr ! ». Et puis les applaudissements repartent. Nick et ses potes californiens se font attendre. On a un peu mal aux mains. Le Type se dit « Tant pis, c’était déjà bien ». Il est prêt à baisser les bras quand soudain, ceux qu’on croirait sortis de la série Mad Men reviennent pour nous jouer un dernier morceau. Morceau qui n’a pas marqué la mémoire fragile du Type. Du coup, on reste un peu sur un goût d’inachevé. Mais bon, à la sortie, Le Type a resserré sa cravate en se disant que oui, il avait ressenti la musique.
Crédit photo: Rémi C.