On connait tous la formule bateau d”un concert : première partie et groupe principal. A la rigueur on se trouve chanceux quand on a droit à deux premières parties. Et bien le 4 Novembre au Krakatoa, on a atteint le Saint Graal.
Qu”est-ce qui a fait de ce concert un événement si différent ? Commençons par vous décrire la scène. A gauche, configuration normale : micro, batterie dans le fond, guitares. Mais à droite des fauteuils rouges, qui ont l”air très confortables, attendent que quelqu”un s”y installe. Arrive sur scène une petite flopée d”artistes que l”on reconnaît comme membres de différents groupes bordelais comme Monsieur Crâne, Botibol, Nunna Daul Isunyi, Père Dodudaboum, Mask, Lispector, Petit Fantôme et J.C Satàn.
On nous annonçait plus tôt «Ce soir, les Crânes Angels vont se présenter chacun leur tour et puis inviter quelques copains sur scène aussi». La plupart se prélassent tranquillement dans les fauteuils cités plus haut. Sylvain aka Inna Daul Isunyi approche du micro et commence à chanter seul accompagné de sa guitare. A la fin de la chanson, on s”attend à ce qu”il continue, surtout qu”on aime ce qu”il fait et qu”on aimerait bien en écouter un peu plus. Il part s”asseoir dans le coin des fauteuils rouges pour finir sa bière. Mask le remplace. Vient ensuite le tour de Petit Fantôme, un peu gêné, un peu fier, d”annoncer qu”il sera le seul à chanter en français. Puis Botibol prend le relai. Monsieur Crâne brise l”ambiance avec un slam de sa composition. Dans ta gueule public, ici on n”est pas là que pour courir après les papillons. Petit Fantôme revient. C”est bien la vie quand même.
En fait, on assiste à un jeu de chaise musicale revisité. Les musiciens font des allers-retours entre le backstage et les fameux fauteuils rouges, vont chercher à boire, discutent entre eux, font les chœurs et dansent. Crâne Angels c”est un projet entre copains et on le voit d”autant plus sur scène. Là c”est au tour de Ben & Lulu de monter sur scène. On attend en fixant la scène. Mais ceux-ci préfèrent s”installer dans la fosse au milieu du public en acoustique contre-basse/guitare. Tout ce beau monde nous balade dans un monde pop/folk acoustique à la fois doux et spontané. Et puis J.C Satàn s”empare de la scène. Mi-homme, mi-femme, on a ouïe dire que ce groupe, c”était un peu le bâtard de Lucifer et d”une Marie pas si immaculée. Autant dire que l”ambiance est passée du côté obscur d”un rock garage prophétique.
Enfin, tous les Crânes se réunissent sur scène. On est là pour fêter leur premier album après tout. Et quel album ! Un genre de messe pop/rock qui prône la joie de vivre et l”insouciance. Surtout que ce soir, les Crânes ne sont pas venus seuls. Quand on pensait avoir tout vu, voilà qu”ils appellent sur scène l”Armée des anges, chorale d”une trentaine de bénévoles, créée pour l”occasion. Plus personne ne se contient, l”église des Crânes et ses anges appellent à se lâcher complètement. «Merci d”être venu à notre kermesse !». On aurait bien voulu qu”elles soient comme ça nos kermesses – arrosées de bière et de whisky, sans codes, sans règles à part qu”il est si bon de déconner ensemble.
Emeline.D & Fen.R
Crédits photos : Emeline.D
Quelle belle façon de parler musique, de rendre aux saltimbanques et troubadours cette noblesse de coeur ce talent rare et très intime.
Article riche et documenté, photo superbes. Merci, BB.